samedi 22 octobre 2016

NAPALI COAST FEVER

Un mois déjà depuis mon départ ! Et pour fêter ça je me suis offert une journée vraiment mémorable : le Kalalau trail qui longe la Napali coast . 23 miles ( 37 km ) sur un sentier vraiment tortueux, défoncé, humide, jamais vraiment plat et parfois engagé.
Lever a 5h30, p'tit dej vite avalé puis 2 bus pour rejoindre le début du trail a Kee beach.
J'attaque le sentier a 7 h30 avec les belles lumières du matin sur la plage de Hanakapiai que je rejoins une heure après suite à un premier passage de rivière pied nus pour pas mouiller les chaussures, a ce moment là je pense encore a mon confort...


Premières averses, ce ne seront pas les dernières, il s'agit de la région la plus arrosée des États-Unis , 330 jours de pluie par an ! Une végétation abondante avec notamment des goyaves a profusion.
Le sentier est de plus en plus étroit et ne fait que monter ou descendre pour passer de vallée en vallée , parfois avec de belles vues sur l'océan dont on entend les vagues venir s'écraser contre les falaises.
 Je n'avance pas très vite, a ce rythme là je devrais faire demi-tour avant la fin, mais c'est aussi qu'en fait je ne sais pas si je serais capable de franchir les passages les plus délicats situés entre les miles 7 et 8, du coup inconsciemment je ne me presse pas.
C'est entre autres ces passages a flanc de falaises avec un a pic de 200 mètres au dessus de l'océan qui font que ce trail est classé parmi les 10 « most difficult and dangerous » aux states.


Je croise de moins en moins de monde, et ce n'est pas pour me déplaire, je suis un peu allergique a la foule en milieu naturel, par contre beaucoup d'hélicoptères survolent la zone, des touristes fortunés et/ou fainéants (500 dollars par personne...).
Je leur fait un gros fuck au passage, je trouve dommage que tout se monnaye et que même les coins les plus sauvages et inaccessibles deviennent la proie d'un business qui les rendent du coup visibles par tous ceux qui en ont les moyens et plus seulement par ceux qui en ont le courage et l'énergie...
J'arrive au premier endroit critique, je m'applique a ne pas regarder vers le vide et à bien assurer mes pas, cela passe crème et cela me donne confiance pour la suite. Les choses se compliquent alors car survient un passage sur 50 mètres environ avec uniquement de la terre, rendue glissante et fuyante par les pluies, de 50 cm de large, et avec juste quelques racines comme point d'assurage pour les mains. Pas le droit a l'erreur, je m'étais dit après mon ascension du Triglav en Slovénie ( avec beaucoup de vide et une via ferrata faites sans équipement ) que je ne ferais plus ce genre de conneries, mais malheureusement le gène du renoncement ne fait pas partie de mon patrimoine... Du coup je me lance, concentré et tendu a la fois, et ça passe !
Du coup avec la décharge d'adrénaline j'accélère le pas, je dois être de retour pour 19 h au plus tard pour le dernier bus, et je suis en retard sur le timing. Dès que c'est possible je cours et cela me permet d'arriver vers 13 h30 à Kalalau beach, le bout du sentier et un endroit vraiment « bounty », au goût de paradis et avec une ambiance a part. Une grande plage de sable blanc, l'océan déchaînée, le soleil et en arrière plan les montagnes effilées toutes de vert revêtue. On y rajoute des cascades au loin et des falaises abruptes avec des grottes mystérieuses.
Ce n'est pas pour rien qu'hollywood a investit le coin plusieurs fois ( james bond, king kong, jurassic park, 6 jours 7 nuits, ...)


Les photos ne rendent pas grâce a l'endroit, il faut y aller :-)
Il y a une sorte de camping sauvage avec une cinquantaine de personnes en tout et pour tout dont certains "résident permanent " attirés par cette vie sauvage dans un endroit magnifique mais hostile.
Quelques photos, une pause casse croute et en avant pour le retour.
Il se met a pleuvoir de plus en plus et cela me stresse pour le passage critique en terre qui sera encore plus glissant et instable.

J'y arrive assez vite, pressé d'en finir, et j'attaque le début le plus calmement possible. Quelques racines m'aident bien mais au fur et a mesure je me crispe de plus en plus,  je me recroqueville sur moi même en taillant des sortes de marches dans la terre meuble pour stabiliser mes appuis.
Les derniers 5 mètres sont terribles, en légère descente et en dévers, plus aucune racines, je suis obligé de planter mes doigts le plus profond possible dans la terre pour avoir un semblant d'ancrage au niveau des mains, je suis a la limite du blocage et un peu en panique, mais je n'ai plus le choix, il faut agir, et vite ! Ou alors faire demi-tour, et renoncer pour aujourd'hui ? Non, il faut y aller et je me lance...
Ça y est je suis passé ! couvert de boue et les muscles tétanisés. I did it :-)
La suite ne sera pas de tout repos, avec un sentier détrempé et des ruisseaux devenues torrent que je traverse sans me déchausser cette fois, plus le temps et de toute façon je n'ai plus rien de sec...
Sur le dernier le courant est vraiment fort et j'ai de l'eau jusqu'à mi cuisse, un bon coup de stress encore une fois mais j'en vois le bout et les derniers kilomètres au soleil couchant sont magnifiques.
Il est 18h30 quant j'arrive enfin, il fait nuit et j'ai marché plus de 10 h.
 Bref une belle journée.
Avec comme ingrédients de base : de l'inconnu, de l'isolement, de l'engagement autant physique que mental et de sacrés surprises  :-)

 Dans la forêt profonde.
 Sentier sauvage.
 Kalalau miles 10
 Kalalau beach
 Kalalau valley
 Passage chaud.
 Rivière a traverser.
 Flower power.
 Bain de boue
 Kee beach
 Miles 22
The end.


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