vendredi 23 juin 2017

Indonesie 1 Russie 0

Vladivostok, extrême orient russe.
Un visa pour l'inconnu et l'irrésistible attrait de la Sibérie, de l'immensité, de l'âme russe.
Une terre indompté, une folie qui exsude, un hiver sans fin.
J'ai lu Dostoievski, Pouchkine, Tolstoi, Boulgakov et bien sûr Tesson. J'ai en pensée traversé la Berezina, l'Amour et le Baikal. J'ai aussi frissoné à l'évocation du kgb, des goulags et de Staline.
J'ai surtout voulu finir ce voyage autour du monde par une trajectoire mythique, celle du Transsibérien, 9500 km d'est en ouest, de Vladivostok à Moscou puis Saint Petersbourg.

Dont acte...

Mais la Russie se mérite plus que toute autre destination de mon périple...
Les démarches pour obtenir mon visa russe depuis l'étranger m'ont coûté beaucoup d'énergie et d'argent. Et pas mal de stress aussi.

Jusqu'à présent tout était presque trop facile en dehors des difficultés que je me suis moi même infligé à travers certaines randonnées sauvages et quelques nuits passé à l' improviste dans des lieux improbables.
Aucun vol raté, aucun réel soucis de santé, " juste " un vol de téléphone et de quelques affaires laissé dans ma voiture de location ( retrouvé les vitres cassés sur le parking de mon hôtel).

Ainsi lorsque je me suis fait refouler à l'ambassade russe de Tokyo lors de la déposition de mon dossier d'obtention du visa j'ai d'abord été incrédule, puis révolté, puis abattu, puis revanchard et finalement résigné...
Pour faire court seul les autochtones et résidents étrangers permanent peuvent obtenir le précieux sésame et quand à moi la seule solution aurait été de faire une demande depuis la France à travers un organisme privé auquel j'aurais transmis mon passeport . Beaucoup de frais en plus, le risque d'envoyer mon passeport par la poste et de toute manière 15 jours en plus à attendre ici au Japon.
J'ai peut-être été un peu négligent dans ma recherche d'informations mais il faut dire aussi que les pistes sont brouillés au possible, tout est fait pour vous décourager à y aller.

Parfois il faut savoir accepter certaines désillusion plutôt que de s'obstiner. Et de fait j'ai vite rebondi sur un autre projet : la découverte de l'Indonésie et de quelques unes de ses milliers d'îles. Un vol de perdu (celui vers vladivostok) mais un autre m'attend ( vers Denpasar sur l'île de Bali), un genre vraiment différent mais finalement tout aussi excitant à quelques heures de monter dans l'avion.

The show must go on, l'aventure continue !

PS: quelques dernières photos d'un Tokyo mi  futuriste mi campagnard.

" Quoi que tu aies pu vivre, voir, ressentir, oublies le lorsque tu plongeras dans les nuits tokyoites. Des nuits sans fins faites de lumières, de sons, de saveurs inédites, et de 13 millions d'êtres humains souvent déconnectés du monde réel.
Oublies le quand au petit matin , en quête de quiétude et d'une autre "esthétique", tu fermeras les yeux, lentement, au spectacle d'un jardin japonais. Le vert, le rouge et le noir : herbes, feuillages et roches. Pont de bois et carpes multicolores.  Calme, espace, perspective lointaine. Oui oublie tout... "







mercredi 14 juin 2017

Fuji san.

Il n'y a certainement pas de symbole de leur pays plus fort pour les japonais que le Mont Fuji.
De ce fait l'apercevoir est un incontournable de tout voyage au pays du soleil levant et entreprendre son ascension une expérience mythique voire mystique.

J'en avais fait un objectif majeur de mon séjour mais lorsqu'à mon arrivée au Japon je me suis rendu compte qu'en montagne la neige n'avait pas encore disparu je m'étais plus ou moins fait une raison. J'ai néanmoins voulu le voir au plus près et me suis donc rendu au lac Kawaguchiko juste avant de finir mon périple japonais.
Il était là, volcan majestueux avec son cône parfait et son sommet effectivement encore bien enneigé.
Une discussion avec les autres touristes présent aillant tenté l'ascension m'a laissé dans l'expectative. Possible ou pas, avec ou sans matériel d'alpinisme, depuis le bas ou en prenant un bus jusqu'au point routier le plus haut ?

Finalement j'ai opté pour la voie de la sagesse ( enfin ma conception de la sagesse, c'est à dire ne pas renoncer à ses rêves et laisser parler ses intuitions les plus profondes) et je suis parti de bon matin directement de mon auberge avec un vélo de ville loué sur place à l'assaut de la montagne sans rien d'autres que mes chaussures de rando, des habits chauds et quelques provisions dans mon sac.

La route bien goudronnée au début, avec une pente raisonnable me permet d'avancer à un bon rythme même si je n'avais plus posé mes fesses sur un vélo depuis plus de 6 mois.  Mais très vite je me rends compte que je n'ai pas pris la bonne route, devoir faire demi tour m'agacerait au plus haut point du coup je décide de couper à travers un sentier pour retomber, je l'espère, sur la bonne route. Et me voilà entrain de faire du vtt avec ce vélo à la base conçu pour chercher le pain... Après 2 ou 3 km, parfois à pousser le vélo, je tombe effectivement sur la route désirée, elle continue sur 15 km encore jusqu'à une sorte de station d'altitude à 2300 mètres ( sachant que je suis parti du lac à 850 mètres) qui constitue pour la plupart des personnes le point de départ vers le sommet du Fuji.
A part que à partir de là officiellement tout est fermé jusque début juillet...
Bon, étant rebelle dans l'âme je passe outre, pose mon vélo contre un mur et continue vers le sommet, vaille que vaille.

Tout de suite je sens que cela ne sera pas une partie de plaisir, mes cuisses sont bien entamé par ces 3 heures de vélo préparatoire et la pente est rude d'entrée.
Je décide de faire une pause un peu plus longue que prévue et surtout d'adopter un rythme plus sage. Le chemin est très bien balisé, et pour cause en juillet / août près de 300000 personnes gravissent la montagne. Mais aujourd'hui je ne croiserai qu'une dizaine de personnes. Il s'agit d'abord d'une sorte de terre battue volcanique puis de roche volcanique et enfin au dessus de 3000 cette fameuse neige que je redoute surtout si elle s'avère être durci par le gel.

Je progresse dans un ciel très nuageux avec parfois des rafales d'un vent glacial. Les premiers passages dans la neige sont sans risques car les traces sont profondes et la pente raisonnable. Je reprends espoir même si un peu plus haut je vois deux japonais en train de galèrer. Ils sont à bout de souffle et vraiment impressionné par ma tenue légère. Ils ont des chaussures avec crampons, des bâtons, veste de ski, gants et bonnet ! Il faut dire qu'il doit faire 2 ou 3 degrés maximum. Ils hésitent à continuer car il est déjà 14 h.

Pour ma part sentir le sommet proche me redonne un coup de fouet et j'accelere le pas malgré les 3500 m d'altitude. J'arrive sur un court passage vraiment pentu ou la neige est verglacé. Sans crampons c'est trop risqué. Je cherche un peu sur ma gauche un autre passage et je trouve quelques rochers ici et là qui m'aident à avoir une prise fiable. L'adrénaline monte et je me dis que je ne pourrait pas raisonnablement continuer ainsi bien longtemps, surtout que le brouillard me cache la vue et que le vent redouble, je décide d'aller au moins jusqu'au prochain cabanon que j'aperçois quelques mètres plus haut et d'y faire le point.

Un dernier rocher à contourner et m'y voilà, et là... Et bien je me rends compte qu'il n'y a plus rien au dessus ! Je suis au sommet, à 3772 mètres, après 6h d'effort et quasiment 3000 de dénivelé dans les pattes.
Il y règne une ambiance de bout du monde ou d'enfer... C'est selon les points de vues. Des habitations toutes closes et couvertes de givre, un vent ahurissant et pas âme qui vive.
Je me dépêche de faire quelques photos et de m'approcher du bord du volcan. Son cratère est inactif et couvert de neige, mais néanmoins impressionnant. Il est 15 h, et je dois bien vite entreprendre le chemin du retour. Quelques rayons de soleil font leurs apparitions et combinés à mon émotion d'avoir finalement atteint le sommet cela me donne des ailes, la descente se passe bien, en 1h15 je retrouve mon vélo 1500 mètres plus bas et je n'ai plus qu'à me laisser glisser jusqu'au lac. Encore quelques coup de pédales et me voilà de retour à l'auberge. Je suis bien sûr extrêmement fatigué après ces 9h d'efforts mais aussi profondément heureux.

Pour les japonais celui qui monte une fois au sommet du fuji est un sage, mais celui qui y monte deux fois un fou. J'en resterai donc là.
Un peu plus sage ? Peut-être.
Un peu plus riche ? Sans doute.
Un peu plus japonais ? Assurément.














vendredi 2 juin 2017

Carnet japonais.



Le Japon est un endroit surréaliste, à la fois extravagant et ordonné à outrance, avec une population si prévenante mais aussi si distante, ancré dans une tradition séculaire unique au monde, et pourtant à la pointe de toute nouvelle technologie mondiale.
Le Japon est éternel...
Ou du moins l'on voudrait qu'il le soit, en tant que garant d'un certain sens de l'honneur et du respect d'autrui depuis longtemps oublié par chez nous...

Je suis tombé sous le charme.
Le charme de sa cuisine, le charme de sa culture, le charme de sa population féminine aussi...
Si délicate et si séduisante, si inaccessible aussi à première vue. Mais qui ne tente rien n'a rien...

Origami, kimono, ikebana, geisha, samouraï, sushi. Tout est ici élevé au rang d'art : s'habiller, manger, jardiner, se battre,...

A Tokyo j'ai voulu faire l'expérience d'un capsule hôtel, c'est à dire d'une sorte de lit-boite de 2m sur 1. Largement suffisant pour une crevette.
J'ai aussi été dans un bain public avec sauna et bassin chaud bouillonnant, les japonais s'y rendent pour décompresser après le travail. Avec leur habituel sens du travail bien fait il se récurre de fond en comble avant d'y entrer. Tout y passe, même les oreilles.

Après cette mégalopole tentaculaire j'ai voulu une ambiance plus intimiste en rejoignant kyoto. Bon ce fut tellement rempli de touristes que la tranquillité n'a pas été souvent au rendez vous. J'ai quand même trouvé quelques jardins secrets ou la nature est travaillé d'une telle façon que cela  vous apaise et vous amène à méditer sur le sens de toute choses...

A Kyoto j'ai surtout été accueilli formidablement au sein de la guesthouse Compass par Papa et Mama, un couple japonais qui vous offre le sake en guise de bienvenue et dont le petit jardin zen a côté des chambres donne encore plus de charme à cette escale chaleureuse.

De visite de temple en randonnée dans la montagne au pied des nombreux volcans du pays ( le mont fuji bien sûr mais aussi à Aso et kagoshima), de lieux de mémoire comme Hiroshima et Nagasaki en lieux de découvertes culinaires comme Kobe et son bœuf persillé de gras savoureux ou le marché de Tsukuji et ses sashimi découpé devant vous.

Au Japon le temps coule comme un long fleuve tranquille pour moi après mes expériences plus aventureuses des destinations précédentes.

Un temps souvent propice à une certaine forme de méditation/réflexion sur le sens de ce voyage, fuite ou quête ? Finalement peu importe car le vrai voyageur se passe de motif, il saisi le plaisir là où il se trouve et y mord à pleine dents.

Le temps n' est nulle part au monde aussi acceleré qu'à Tokyo dans les quartiers de Shibuya ou Shinjuku. Mais nulle part au monde vous ne vous sentirez autant au ralenti que dans un jardin japonais habillé de votre seul kimono après avoir passé quelques minutes dans le bain chaud d'un Onsen.
Luxe, calme et volupté...

" Que de temps passé en surface,
Que de temps à ne pas s’encombrer
Du temps et des étoiles tombées.
Que de temps passé en surface.
Je me voulais léger, léger
Du plaisir sans se retourner.
Ce plaisir ne m’allégeait pas,
la beauté n’avait pas de bras.
Je rêvais d’une vie de plumes,
Ignorais la stèle et l’enclume
Je balayais mes propres traces
Que de temps perdu en surface.
Que de temps passé en surface,
Que de temps à ne pas succomber
Au spleen et aux étoiles plombées.
Que de temps passé en surface.
L’éphémère était mon crédo
Et hier, à la mauvaise place.
Je n’aimais pas trop mon cerveau,
Mon corps envahissait l’espace.
Et puis j’ai vu bouger la surface
Tout le temps venant à déborder.
Je pensais ne pas y penser,
Oui mais nos pensées nous dépassent
Et j’ai glissé sur la surface,
Délesté de la légèreté.
J’ai compté les étoiles tombées
Et claqué le temps passé en surface.
Que de temps passé en surface.
Que de temps à ne pas s’encombrer
Du temps et des étoiles tombées.
Que de temps passé en surface."

En surface, Étienne Daho/Dominique Ane.