mercredi 29 mars 2017

Une folie douce.

Une folie douce.

Alors là attention,  je vais vous vendre du rêve,  donc ceux qui ne sont pas preneur,  ne lisez surtout pas ce qui suit.

Je suis un adepte des randonnées en montagne et ici en Nouvelle Zélande il y en a profusion,  dans des endroits vraiment magnifiques.  Cependant comme je l'ai souligné dans mon précédent article il y est difficile de se retrouver vraiment seul et donc en réelle connection avec la nature qui vous entoure. D'où une certaine frustration qui m'a poussé à chercher pour cette fois un secteur un peu à l'écart du circuit touristique traditionnel,  avec un sommet suffisamment proche pour être faisable en une journée,  et suffisamment loin pour stimuler mon physique et mon mental...
À mon arrivée au lac Tekapo,  lorsque je l'ai aperçu,  j'ai tout de suite su que c'était elle,  qu'il me fallait la... gravir.  Et oui je parle d'une montagne,  pas d'une femme !

Il m'a d'abord fallu l'approcher au plus près en voiture,  et à l'aide de Google maps j'ai pu repérer une route non goudronnée allant dans sa direction.  Au bout de 10 km quelques peu chaotiques avec mon vieux van j'arrive devant un panneau route privée, juste avant un pont franchissant une rivière, bon cela ne m'arrête pas,  je me gare un peu avant et je poursuis tout de même à pied. Après a peine quelques mètres,  une femme déboule d'une maison et me demande de rebrousser chemin car il s'agit d'un domaine privé.  Je ne cherche même pas à négocier mais c'est mal me connaître de croire que cela allait m'arrêter.

Je reprends le pont en sens inverse et  commence à longer sa berge par la gauche pour trouver un passage pas trop profond faisable à pied.  Après 10 minutes je me décide,  j'enlève chaussures et short et passe la rivière sans trop de mal avec de l'eau à mi cuisse mais peu de courant. Ensuite j'attaque les contreforts de la montagne ,  en me dirigeant au jugé,  d'abord dans de vastes prairies avec vaches et moutons,  ceux là certainement du domaine privé soi disant interdit.  Puis la pente s'accentue et le terrain devient d'abord brousailleux puis caillouteux.  Le sommet ne se rapproche que très peu,  il est déjà 15 heure et je commence à douter du bien fondé de cette entreprise... J'accélère droit dans la pente,  je suis vite épuisé et je décide de me contenter du prochain point de vue un peu plus haut.  Le spectacle sur la vallée en contrebas,  avec le lac et ses reflets turquoise,  est superbe.
Mais finalement je ne m'en contente pas,  je décide de poursuivre quitte à finir de nuit...
En fait j'adore ces moments d'hésitation ou l'envie et la "folie"  l'emporte sur la raison !

Juste un peu avant 17 heure j'attaque les dernières pentes,  le souffle court et les jambes dures. Et puis là,  pile sur la corniche du sommet j'entends un bruit de cailloux qui oriente mon regard vers le couloir opposé,  et j'y vois,  spectacle d'une pureté inoubliable, tout un groupe de chamois,  au moins une quinzaine,  qui  ayant senti ma présence ont pris peur et ont dévalé une pente impressionnante pour déboucher sur un autre versant,  à l'abri du prédateur que je suis visiblement pour eux.
La facilité et l'agilité avec laquelle ils se déplacent est vraiment impressionnante,  le bruit des cailloux qui décrochent sous leurs pas également.
Voir ces chamois, animal si rare et si farouche en liberté,  seul au milieu de nulle part,  à 13000 kilomètres de chez moi,  est une chose merveilleuse qui suffit à elle seule à justifier toute ma "folie".  Celle d'avoir poursuivi malgré tout cette randonnée,  celle aussi de m'être lancé dans ce long voyage à travers le monde, en quête de beauté,  de paix,  de douceur...


PS 1 : ah oui au fait,  je suis arrivé à 20 heure à la voiture, après une descente en courant,  à tenter d'imiter les chamois,  pile pour le coucher du soleil,  magnifique lui aussi...


PS 2 : et pour en finir vraiment,  voici une citation de Henri David Thoreau,  écrivain précurseur américain du 19ème siècle, en résonance avec cette histoire,  avec mon choix de vie et avec certains reproches qui peuvent lui être fait dans la société  actuelle.

“ Si un homme marche dans la forêt par amour pour elle pendant la moitié du jour,  il risque fort d'être considéré comme un tire au flanc; mais s'il passe toute sa journée à spéculer,  à  raser cette  forêt et à rendre la terre chauve avant l'heure,  on le tiendra pour un citoyen industrieux et entreprenant. "










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