jeudi 13 septembre 2018

Un trek pas si Ala Kul que ça...












Un trek pas si Ala kul que ça.
Après quelques jours d'adaptation et de rattrapage du décalage horaire je me suis lancé dans une première randonnée dans les montagnes du Kirghizistan.
J'ai choisi le massif des Tian shan du centre, en arrière plan du lac Issyk kul pour cela.
Et en particulier le trek de 70 km pour 4300 m de dénivelé reliant le village de Jeti oghuz à celui de Ak suu. Un des plus fameux et qui d'après les guides touristiques se fait en 4 jours et 3 nuits.
J'opte pour une version personnalisée, c'est à dire en 2 jours et 1 nuit que je passerais si possible dans un campement nomade du milieu de mon trek.
Réveil à 5 h du matin, le propriétaire de mon auberge a Karakol m'emmène en voiture jusqu'au départ du chemin de randonnée, et à 6h tapante j'attaque la marche au lever du soleil. J'avance vite et bien dans une longue vallée entre prairies et forêts, quelques yourtes sur les hauts pâturages ( les jailoos) avec chevaux, vaches et moutons qui cohabitent. Ici la végétation est à 3000 mètres identique à chez nous 1000 mètres plus bas. Ce qui engendre des campements très hauts dans la montagne.
A un moment, au passage d'une rivière sur un pont, un berger veut me vendre un peu de son yoghourt maison, je refuse pour cette fois, ne voulant pas risquer de problème intestinaux en plein trek.
Dans la montée vers le col de Teleti je ressens des ampoules au niveau du tendon d'Achille. J'ai fait l'erreur de ma lancer sans pansement du type seconde peau ( et sans marche d'adaptation) et je sais à présent que je vais le payer cher.
Physiquement mon entraînement à vélo me permet d'affronter 10 h de marche en une journée comme aujourd'hui, mais ma peau elle n'y est pas préparée.
Bon j'essaie d'oublier la douleur telle un moine bouddhiste, la vue sur les hautes montagnes enneigées en arrière plan m'y aide un peu, certains pics sont à plus de 5000 mètres et paraissent proches ( je suis moi même à presque 4000 m).
J'attaque une longue descente jusqu'au campement de nomades d' Ai tor ou je vais réussir à louer une petite tente pour la nuit et profiter d'un repas chaud.
Au coucher du soleil il doit faire 0 degré, je suis en doudoune alors que certains bergers sont encore en tee shirt. Nous ne sommes pas fait du même bois.
Le lendemain, dès 7h je reprends la marche après juste quelques rasades de tchai ( thé au lait et beurre très sucré). En mode expédition je mange très peu, l'effort me bloque la faim. Quelques fruits secs et du coca comme booster pour les passages difficiles. Et sur cette seconde journée les passages difficiles ne manquerons pas avec deux cols très raides ( et sans trace évidente pour le premier) des deux côtés du lac d'Ala kul perché dans un creux de la montagne à plus de 3500 m. Sa couleur bleuté avec pour l'alimenter un glacier à flanc de montagne lui donne un aspect magique. Le manque d'oxygène à l'effort accentue encore cette perception émerveillé des montagnes environnantes. Il y en a partout, à 360 degré, très loin à l'horizon.
Le début de la descente du second col est assez périlleux mais sans commune mesure avec ce que j'ai pu connaître l'an passé en Indonésie ou à Hawaii.
Cependant j'apprendrais que 2 jours après moi une française y a chuté, fracture du fémur et pas d'hélicoptère disponible, un vrai martyre pour descendre la montagne sur un brancard.
Quand à moi 2000 mètres plus bas, dans la vallée d'Altyn arashan, et après une nouvelle journée de 10h de marche j'en ai fini de ce trek. Courbaturé, affamé, les pieds en sang ( je dois marcher en tong depuis...), mais pourquoi le regretter ?
Si c'était à refaire je le referais. Je ne retiens jamais les leçons et continue toujours à m'obstiner à avancer coûte que coûte.
C'est ma nature, elle a besoin de démesure



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