vendredi 10 septembre 2021

Rainbow warrior .

 Au bout de deux années silencieuses est ce le retour d’une certaine aspiration à  l’inspiration ? Ou juste l’envie de mettre des mots sur une chasse de longue haleine qui a pris fin sur la prise du ” gibier ” c’est à  dire du maillot arc en ciel de champion de champion du monde , en l’occurrence chez les masters 45/49 ans en vtt xco.


Récit d’une folle journée. Dimanche 22 août 2021, Pra Loup.



Je suis arrivé  sur ce championnat du monde  masters de vtt en grande forme et fort d’une confiance à  son sommet après notamment mon 5ème titre de champion  de France masters acquis en juillet à  Levens près de Nice. 

Le circuit de 5 km à parcourir trois fois convient parfaitement à mes qualités de grimpeur avec une longue montée parfois extrêmement raide et le tout à  plus de 1600 mètres d’altitude.


En ayant grandi au Willerlé à  Châtenois et écumé toutes les pentes et toutes les sentes du Hahnenberg j’ai été pour ainsi dire à  bonne école avec un tel terrain de jeu juste sur le pas de ma porte . 

Les lieux et les personnes que l’on côtoie dans notre prime jeunesse nous façonnent bien plus que l’on ne pense …


Tous les voyants sont donc au vert et au moment du départ je suis serein. 

Sauf que …

Après un départ, comme toujours sur les courses de vtt,  assez tendu et abordé à bloc pour être bien placé sur les premiers passages étroits.  J’arrive dès le milieu du premier tour à  me porter en tête.  J’attaque une descente rapide sur un chemin étroit et défoncé et là...alors que je suis à  plus de 40 km/h , sans trop comprendre pourquoi , je vole dans les airs et je tape violemment le sol sur mon côté gauche et sur mon dos. 


Le second , un belge , en essayant de me dépasser, m'a percuté par l’arrière ! Mon premier réflexe est de remonter sur mon vélo, qui bizarrement n’a rien.  

Ce qui est loin d’être mon cas ! J’ ai plusieurs plaies sur le corps, mon casque est fendu et ne tient plus correctement , et surtout , je ressens une vive douleur dans le dos sous l’omoplate gauche  ( une côte fissurée sera diagnostiquée).


Je hurle ma rage sur ce Belge complètement inconscient.  J’essaie de reprendre le fil de la course mais je suis encore groggy sous le choc et plusieurs concurrents me doublent. Je suis dégoûté,  ce n’est pas possible,  ce n’est pas encore cette année que j’irais chercher ce maillot arc -en -ciel . 


Et puis non ! Je me dis , fort de toutes mes expériences passées sur d’autres épreuves sportives mais aussi de la vie en général,  que je me dois d’essayer , de continuer à lutter. J’appuie le plus fort possible sur les pédales dans les montées et m’applique à  rester fluide dans les descentes techniques.  

Et ça  fonctionne ! Petit à petit je reviens sur la tête de course et au milieu du second tour, dans un passage très raide , je dépose l’espagnol qui était le dernier adversaire à  s’accrocher à  ma roue . 


Je suis alors déchaîné,  les encouragements au bord du circuit me portent , je sens bien sûr la douleur dans mon dos et celle ci m’empêche d’ailleurs toute forme de relance en danseuse, mais j’arrive à  en faire abstraction,  obnubilé par une seule chose ,  la victoire , enfin , sur un championnat du monde .


Et au bout de la souffrance,  ça  y est , la ligne d’arrivée,  la joie , partagée avec mon père et d’autres concurrents français. 

Ensuite, un peu plus tard , ce sera plein de belles images dans  la tête lors du podium et de la Marseillaise, le maillot arc-en-ciel sur les épaules. 


Ce dont je suis le plus fier c’est du chemin accompli pour y arriver , de toutes ces heures d’entraînements à  chercher à  repousser ses limites pour atteindre une forme optimale le jour J. Et bien sûr également du fait de n’avoir pas renoncer après cette chute,  ce coup du sort qui aurait pu - qui aurait dû ! - me pousser à l’abandon ou à la défaite  . Sauf que ce jour-là  j’en avais décidé autrement .

Parfois, il faut savoir envoyer ballader la malchance, le destin, lorsqu'il se met en travers de votre vie … 



Pour conclure,  j’ai trouvé un  proverbe zen fort à propos afin d’aborder la suite de la meilleure des manières.  


” Lorsque tu arrives au sommet de la montagne , continue à monter …”








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