lundi 12 septembre 2016

Triathlon evergreen : ultime défi ?

Triathlon Evergreen : Hammered the race , Left no trace ! The most epic triathlon journey on earth ...


Juste avant de partir pour mon grand voyage autour du monde je me suis offert une sorte de bouquet final sur le plan du défi sportif avec ma participation à l’Evergreen un triathlon -très- longue  distance se terminant dans la vallée de Chamonix .
Sur le plan des chiffres c’était impressionnant et alléchant : 4,3 km de natation dans le lac de Montriond + 183 km de vélo pour 4500 m de D+ par delà notamment les cols de Joux plane-Romme-Colombière- Aravis - Vaudagne + 44km de trail pour 2700 m de D+ sur les balcons sud et nord du mont blanc  (Planpraz-Flégère-Montenvers - Plan de l’aiguille ).
Sur le terrain ce fut épique …
Un départ en compagnie de 200 autres conquérants à 6H30 du matin aux premières lueurs de l’aube dans une eau à 17 degrés .  Pas de blocage respiratoire à cause du stress cette fois ci contrairement au x terra de Xonrupt .Je me débrouille pas trop mal pour mon niveau de natation malgré de grosses difficultés à bien me diriger entre les bouées et malgré les algues qui viennent parfois perturber notre progression ; je sors 75 éme de l’eau en 1H25. (1er en 1H05 ) J’ai quand même trouvé le temps long , c’était la première fois de ma vie que je nageai plus d’une heure non stop !
Sur le vélo je suis pour ainsi dire comme un poisson dans l’eau … je me sens bien et adopte d’entrée un gros tempo qui me permet dés la mi parcours au niveau du col de la colombière de revenir en seconde position à un peu plus de 10 minute de la tête. Sur la seconde partie cycliste je commence à souffrir , notamment à cause de la chaleur ( environ 30 degrés dans la vallée de Sallanches ) et je ne reprends plus grand-chose sur Guillaume Heneman l’homme de tête. J’arrive tout de même sur Chamonix en moins de 7H avec le meilleur temps à vélo de prés d’un quart d’heure, mais toujours à 8min de la tête.
Je me change cette fois un peu plus vite qu’après la natation et pars dans l’intention de ne rien lâcher , mais après à peine 1KM à la sortie de Chamonix les pentes à 30 % me ramènent à la raison , je suis déjà bien entamé et ce qu’il reste à gravir est juste terrifiant, il va falloir calmer le jeu si je veux aller au bout…
Et puis proche du sommet de Planpraz après environ 5km de montée , coup de théatre , on me dit que je suis le premier à passer , visiblement Heneman s’est perdu en cours de route … Cela me rebooste mais en même temps de chasseur je devient chassé et cela me stresse finalement bien plus. J’aborde la traversée vers la Flégère puis la descente sur Chamonix avec des réserves bien entamées et de forte douleurs au ventre , mon organisme commence à se révolter contre ce traitement que je lui inflige depuis maintenant 10 h déjà.
Arrivée à Chamonix pour la fin de la première boucle de 21 km c’est le coup de massue, on m’annonce à nouveau 2eme avec cette fois 1H15 de retard sur Heneman , je ne comprends plus rien , visiblement il a coupé une bonne partie du circuit sans que l’organisation ne le prenne en compte et continue comme si de rien n’était sa course ; En plus d’être totalement cramé je suis dégouté , je repars sur la seconde boucle vers 18H40 sans ressort et me mets à marcher même sur les parties plates . Je n’avance plus , il commence à faire nuit et la montée vers Montenvers s’annonce interminable…Je n’arrive plus à m’alimenter correctement et je sais que cela annonce une fin de parcours extrêmement pénible.
J’essaie de me raccrocher aux paysages alentours vraiment magnifiques sous ce crépuscule ensoleillé et au prochain ravito même si je sais que je ne pourrai rien y avaler …Il s’agit d’un petit chalet ou le propriétaire à bien fait les choses avec feux de camp , transat ,  quiches , bières , etc…J’y arrive enfin et je m’allonge direct sur un banc pour une pause bienfaitrice de quelques minutes à parler avec quelqu’un pour penser à autre chose que mon ventre , mes jambes, ou encore à tout les kilomètres qu’il me reste à faire . A ce moment là plus question de résultat , je suis en mode survie et je veux juste finir , peu importe que ce soit en premier ou en second.
Je repars vers le Montenvers et le signal Forbes au dessus de  la mer de glace , il fait quasiment nuit mais je décide de ne mettre ma frontale qu’en tout dernier ressort pour économiser la batterie .
A ce moment là je suis un peu sur un autre monde avec les Drus d’un côté et de l’autre une vue sur la vallée de Chamonix et les lueurs de la ville mille mètres en contrebas. Et miracle je retrouve un semblant d’énergie qui me permet d’avoir à nouveau un rythme un peu plus conforme à mon esprit de compétition. Dans ma tête je me dis que s’il y a une justice Heneman sera déclassé après son arrivée et que du coup ce serai dommage de me faire rattraper et de perdre ainsi une victoire qui me tends les bras ! Je croise juste 2 marcheurs sur la longue traversée du balcon nord vers le plan de l’aiguille un peu comme une apparition avec la lueur de la frontale … puis déjà de loin les encouragements des bénévoles au dernier ravito à 23OOM d’altitude , j’arrive à nouveau à relancer l’allure , la magie du corps humain , inépuisable tant que la tête lui ordonne d’avancer …
J’attaque  alors la dernière longue descente sur Chamonix ( 1200M de D- non stop), j’ai l’impression d’avoir quelqu’un sur mes talons du coup je ne m’accorde aucun répit et suis concentré à fond sur ma trajectoire parmi tous ces rochers et racines. C’est carrément interminable, je suis à bout de forces et seul l’adrénaline me fait encore tenir . Et puis enfin ,  la fin du sentier, encore 300 m de bitume et ce sera la délivrance .  J’entends le speaker puis j’aperçois l’arche d’arrivée ,il est bientôt 23 h et cela fait plus de 16h que le départ à été donné, ça y est j’y suis , je l’ai fait , finisher de l’evergreen 228. Et cerise sur le gâteau on m’annonce en tant que vainqueur !
Guillaume Heneman à conformément au règlement été disqualifié pour n’avoir pas emprunter la totalité du tracé , je dois tout de même reconnaître son énorme course , surtout en natation et sur la fin de la course à pied , cependant sur un tel tracé , impossible d’avoir un balisage toujours parfait et il faut donc aussi faire preuve de sang froid et de sens de l’orientation pour venir à bout d’une telle épreuve.
Le second ( Thierry Lippi) arrivera finalement plus d’une demi-heure après moi , et le dernier finisher franchira la ligne à 6H du matin quasiment 24 h après son départ !
Pendant 2 ou 3 minutes je suis euphorique et puis le corps reprends ses droits, je dois m’allonger sur le sol avec des vertiges et l’envie de vomir; On m’installe dans la tente médicale et un médecin me mets sous perfusion . Je suis sévèrement déshydraté et j’ai du mal à respirer, cela va durer une heure avant que je ne reprenne des couleurs et mes esprits.
Il n’y a pas d’autres limites que celles que vous vous fixez …

Merci à mon père  et à Didier pour m’avoir accompagner sur cette aventure .

Merci aussi à tous ces bénévoles qui auront passé toute la journée plus une nuit blanche sur le bord des routes ou sur les sentiers de montagne à nous encourager et à nous transmettre un peu de cette énergie positive sans laquelle rien ne serait possible . Et faire ainsi de ce défi surhumain une aventure humaine partagée…

Fred Frech







2 commentaires:

  1. Bravo fred . C'est super de finir comme ça . Guillaume

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  2. Très sympa de nous faire vivre tes aventures ainsi. Merci et bravo pour cette perf hors du commun! Marc
    P.S. Très belle ta combi ;-)

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